21 janvier 2020 | littérature commentée
ICARIA est une étude de phase 3 multicentrique conduite entre Janvier 2017 et Février 2018 proposant aux patients atteints de myélome multiple (MM) réfractaire et en rechute, ayant reçu au moins deux lignes de traitement comprenant lénalidomide et inhibiteur du protésome (IP), une randomisation entre une association pomalidomide-dexaméthasone (bras standard) et une association pomalidomide-dexaméthasone-isatuximab (bras expérimental), un anticorps monoclonal anti-CD38.
Des patients de la « vie réelle » : Parmi les 307 patients inclus dans l’étude, 1/5ème était âgé de 75 ans ou plus, 1/5ème avait un risque cytogénétique élevé (délétion 17p dans plus de 50% des plasmocytes, t(4 ;14) ou t(14 ;16)), ¼ avait un stade III selon l’ISS au début de l’étude.
Une étude intéressante répondant aux besoins actuels des patients en rechute : Cet essai a le mérite d’étudier cette association chez des patients pour la plupart réfractaires au lénalidomide (93%), aux IP (76%) voire aux deux (71%).
Des données de réponse en faveur du bras Isatuximab : Les patients recevant Isatuximab répondaient plus rapidement (35 jours vs 58 jours pour l’obtention d’une réponse au moins partielle) et plus longtemps (13,3 vs 11,1 mois). L’obtention d’une réponse au moins partielle (> RP) concernait 60% des patients du groupe Isatuximab et 35% des patients dans le bras standard (p < 0.0001). Trente-deux pour cents des patients recevant Isatuximab atteignaient au moins la Très bonne Réponse Partielle (> TBRP) vs 9% dans l’autre bras de traitement (p < 0.0001). La Réponse Complète Stringente (sRC) avec obtention d’une MRD (Minimal Residual Disease) indétectable en NGS (Next Generation Sequencing) (< 10-5) concernait 5% des patients dans le bras Isatuximab alors qu’aucune sRC n’était observée dans le bras standard.
Des données de survie en faveur du bras Isatuximab : Avec un suivi médian de 11,6 mois, la survie sans progression (SSP) médiane atteignait 11,5 mois dans le bras expérimental vs 6,5 mois dans le bras standard (p = 0,001) se traduisant par une diminution du risque de décès ou de progression de 40 % dans le bras Isatuximab. Cet avantage était présent même chez les patients ≥ 75 ans ou ayant reçu plus de 3 lignes de traitement ou réfractaires au Len / IP ou encore à haut risque cytogénétique. La survie globale (SG) à 1 an était de 72% dans le bras expérimental vs 63% dans le bras standard (p = 0.0631). Le temps jusqu’à progression (TTP) atteignait 12,7 mois dans le bras Isatuximab vs 7,75 mois dans l’autre bras.
Une triplette bien tolérée : Les réactions lors de la première perfusion d’Isatuximab concernaient 38% des patients et étaient toujours réversibles, de grade 3-4 chez 3% des patients. La toxicité hématologique était similaire dans les 2 groupes. Les décès toxiques en rapport avec le traitement et les arrêts de traitement n’étaient pas plus nombreux dans le bras expérimental.
Conclusion : Cette triplette thérapeutique innovante répond aux besoins actuels des patients réfractaires ou en rechute de leur MM, est bien tolérée, améliore la profondeur et la durée de la réponse et allonge la SSP.